Leïla SEBBAR – Samedi 8 octobre 2022

Rencontre, le samedi 8 octobre 2022 à 19h30, avec Leïla SEBBAR pour le dernier beau récit de sa trilogie autobiographique “Lettre à mon père“, publié par les éditions Bleu autour, mai 202

Une rencontre animée par Marion RICHEZ, philosophe & ponctuée par les lectures de Rachel COHEN, comedienne

Dans Lettre à mon père, Leïla SEBBAR imagine la discussion qu’elle n’a jamais eue avec Mohammed son père décédé en 1997, «un père bienveillant, aimant» mais aussi «un étranger, un inconnu». Le livre est né d’un «désir, un besoin de comprendre, de dire, d’écrire les blancs du silence à perpétuité, d’imposer des mots à ce mutisme».

« Si elle ne parle pas la langue de son père, comme elle a tenu à le dire et le répéter, dans la rage ou la désolation, Leïla SEBBAR n’a jamais cessé de parler de son père, qui, pour elle née d’une mère chrétienne et d’un père musulman, est toute l’Algérie, ce pays natal (elle est née à Aflou, sur les Hauts Plateaux) qui lui a échappé mais qu’elle n’a cessé de rattraper au fil d’une œuvre monumentale aux titres innombrables, rassemblant romans, récits, nouvelles, chroniques et essais. Père omniprésent qu’elle célèbre par l’écriture, écrivant pour le parcourir – comme aimait à dire Henri Michaux – et tressant l’aveu qui est au centre de sa frustration en forme de récrimination : « J’écris mon père dans la langue de ma mère ». Et voici l’œuvre ultime, testamentaire, ce règlement de comptes amoureux intitulé le plus simplement du monde Lettre à mon père. » Albert BENSOUSSAN – Diacritik

Leïla SEBBAR quitte l’Algérie où elle est née, pour faire ses études en France en 1961, juste avant l’indépendance. Son père, Algérien et musulman est « instituteur du bled » puis directeur d’école pendant la colonisation. Il soutient l’indépendance qui arrive après des années de lutte durant lesquelles il est arrêté par l’armée française et emprisonné pour «avoir fait passer des médicaments aux combattants du maquis».

Se sentant trahi par la révolution algérienne après l’arrestation et l’emprisonnement d’une de ses filles, il quitte avec sa femme l’Algérie pour Nice en 1971. Cet exil volontaire fut un déchirement qui le conduisit au silence sur ses origines.

Leïla SEBBAR que nous avons souvent reçue à la librairie, vient de rééditer les deux premiers volumes de sa trilogie en un seul livre : Je ne parle pas la langue de mon père suivi de L’arabe comme un chant secret. Préface de Marie-Hélène LAFON. Illustrations de Sébastien PIGNON. Editions Bleu autour.

« Il m’a fallu marcher, longtemps, parler et vivre à distance réelle, proche dans l’imaginaire, il m’a fallu entendre, loin du pays natal, partout où elle se parlait, la voix de la langue de mon père, la voix de l’arabe, la langue étrangère, l’étrangère intime. »

Légende
Mohammed SEBBAR et sa famille en Algérie, à Henaya devant l’école, dans “la maison-école”, dans le Vieux Ténes où il est né en 1913.

En octobre encore ….

Vendredi 21 octobre 2022, rencontre avec Laurence POTTE-BONNEVILLE pour son premier roman Jean-Luc et Jean-Claude qui s’impose comme l’une des plus belles révélations de cette rentrée littéraire.

Publié chez Verdier, ce bref et joyeux récit nous livre à la compagnie des étonnants quinquagénaires Jean-Luc et Jean-Claude qui, un soir, ne pouvant valider leur grille de loto, décident de ne pas rentrer dans leur foyer et de partir à l’aventure pour trouver un autre PMU. Dans ce road movie qui les conduira dans la baie de Somme, les deux personnages, entre Bouvard et Pécuchet vont croiser des figures aussi hautes en couleur. Une belle écriture à l’écoute affaire cessante de l’étrangement du monde et de ses singularités sensibles…