Le drame qui se profile aujourd’hui, c’est le relapse, la baisse de vigilance, le relâchement. Exactement comme lors des années Sida, lorsque les médecins avaient découvert les trithérapies. Envolées, les précautions. En ce moment, sur les antennes – radios, télés -, parfois dans les journaux, on entend la petite musique rassurante de l’après confinement.
Mais quel après?
Nous sommes à peine entrés dans la bataille, que certains malins glosent doctement sur la suite.
Mais quelle suite?
Tout est à venir. Cette putain de vague est encore en train de se former au large de nos côtes et déjà, certains sortent prendre le frais sur la jetée. Parce qu’ils entendent répéter partout que cette saloperie sera bientôt une histoire ancienne. Pourtant, les soignants se battent jour et nuit et les malades meurent par centaines.
Le déconfinement ? Pour en disserter, le temps viendra. Des savants qui savaient péroreront avec morgue, des combattants de la dernière heure nous raconteront leurs exploits, des victimes viendront – légitimement – demander réparation. Des comptes seront exigés et ce sera justice. Mais ce temps de l’après n’est pas encore venu. Alors respectons le temps d’avant. Et les consignes de confinement. Saluons le travail des uns, pleurons le deuil des autres, combattons ensemble la violence qui nous est faite à tous. « Peut-être commençons- nous à voir la lumière au bout du tunnel » a osé, un spécialiste quelconque sur une antenne radio. Personne ne lui a expliqué que cette lueur, là-bas, c’est peut-être un train qui arrive en face. Évoquer le déconfinement, à tout propos, c’est encourager les démoralisés à baisser la garde. C’est faire se marrer ceux qui font des doigts d’honneur à la solidarité. C’est approuver les faux rebelles. C’est applaudir les salauds en vacances quand même, qui prennent les routes secondaires pour berner les gendarmes. C’est faire honte à tous ceux qui nous font honneur. Alors évitons d’employer ce mot de déconfinement.
Pour l’heure, il est malheureusement trop grand pour nous.
Soyons justes restons chez nous.